EAT YOUR KINGS

(tw divers : alcoolisme, dépression, pédophilie - sous entendus)

Mon monstre à moi :
- A de grandes canines, luisantes de jus (le mien)
- De longs doigts (je voudrais les couper)
- A un corps fort qui m’a écrasée,
- Un nez oblique et des yeux vitreux – qui ne m’ont jamais vraiment regardée

Le tuer et le haïr et le mépriser et ce que l'on m'a ordonné de faire, je l'ai fait.
Nos vies ont repris leur cours.
Pas vraiment la mienne, cela dit.

...

Je pensais vraiment que l'écrire me défoulerait.
Faut croire que c'est pas aussi simple.

Quand on revient au commencement, il y a le garçon sur les rochers et son air perpétuellement consterné, on dirait un chien battu - c'en est peut-être un. Je dis le commencement car ce sont les premiers souvenirs qui me viennent en tête, ceux qui peuplent les terres vierges de mon enfance, les débuts de ma conscience : l'écume, les rochers et le calme.

Je ne sais pas pourquoi j'écris cette merde. Question de devoir de mémoire, peut-être ? Qui sera là pour se souvenir, de moi et des autres, quand je ne serai plus là ? Est-ce que c'est vraiment un pied de nez d'être encore là, parmi les autres ? Cela soulève la vraie question, celle qui me hante depuis qu'il est mort que je l'ai tué, j'aurais tant voulu : où est ma place ? Y'a t-il seulement un entre-deux qui sépare la victime de l'agresseur ? Faut-il vicier un autre pour se libérer ?

C'était un ami de mon père. Et de ma mère. Le mien, aussi. Je le pensais, tout du moins. Il me colle à la peau, comme une seconde carcasse. C'est comme ça. Il y a des moyens de le faire taire, ne vous méprenez pas. Les hommes devraient avoir vocation à garder leurs mâchoires fermées. Je ne suis pas misandre loin de là; réaliste sur leur nature, c'est mieux. Pères de toute violence, c'est tout ce qu'ils sont.

C'est un peu déstructuré, désolée... Cependant; si une tierce personne est en train de lire ça (tu me diras, quelle idée d'écrire un journal pendant la pause déjeuner !) sache que :
- je suis probablement derrière toi, prête à te casser le crâne en deux
- j'ai toute ma tête, mais pas en ce moment

Reprenons.

Mon père est pêcheur, ma mère secrétaire, ils sont morts tous les deux. Je n'ai ni frère ni sœur, personne à qui rendre visite le week-end. Entre nous, c'est plus accommodant pour décuver. Je suis dévouée au Très-Haut le dimanche uniquement - mais je ne l'oublie pas en semaine. S'il me regarde, je pense qu'il se marre bien. Néanmoins, il a probablement autre chose à foutre. Entre nous, j'aime bien Dieu : y croire est pratique et rassurant. Il ne m'est pas redevable, mais je ne lui en veux pas... encore une fois, il a sûrement autre chose à foutre.

Je ne sais pas s'il méritait de mourir mais il y a une chose que je sais.
J'aurais mérité de pouvoir le tuer.