Oh nuits d'arabie. ~ Aladdin & Jasmine

Une autre journée venait de s'achever à Agrabah. Une autre journée placée sous le règne de la sultane Jasmine, qu'Aladdin son jeune mari, était fière d'être témoin. Le sultanat ne pouvait espérer meilleure monarque que la fille du sultan lui-même. Si Jafar était parvenu à prendre le pouvoir, Agrabah aurait connu de bien sombres jours, comparés à ceux radieux qui s'annonçaient. Si Jasmine avait déjà tout les atouts pour succéder fièrement à son père, Aladdin lui, devait encore se faire à sa nouvelle vie au palais. Que cela était étrange de voir les gardes s'incliner devant lui à son passage, alors que quelques mois auparavant, ceux-ci l'avaient jeté dehors, après qu'il se soit introduit clandestinement dans les appartements de Jasmine pour lui parler. Aujourd'hui, Aladdin allait et venait comme il voulait, et l'on s'adressait à lui d'une si manière si respectueuse, qu'il oubliait parfois de répondre lorsqu'on lui parlait. Il aimait la simplicité avec laquelle Jasmine l'appelait par son prénom, sans artifice. Cela lui rappelait d'où il venait et que malgré ses origines, elle avait réussi à l'aimer pour ce qu'il était. Non pas un prince, mais juste Aladdin. Ce modeste garçon rencontré au marché.

Le corps lâchement enfoncé dans la fibre moelleuse des matelas du palais, le jeune homme fût sortit progressivement de sa torpeur, par la sensation d'une brise dans ses cheveux et de sa main se refermant sur le vide. Il ouvrit les paupières pour découvrir l'absence de Jasmine à ses côtés. La sultane avait quitté le lit conjugal en pleine nuit. Pour quoi faire ? Elle n'était pas allée très loin. Aladdin aperçut bientôt sa silhouette derrière les rideaux du couchage à baldaquin. Étouffant un bâillement, il se leva pour aller la rejoindre sur le balcon, d'où l'on pouvait voir les lumières nocturnes d'Agrabah scintiller au loin. Jasmine se retourna à son arrivée, délaissant le tigre qui était venu se frotter contre elle. « Non » mentit Aladdin, en haussant les épaules. « Rajah ronfle dans son sommeil, pire qu'un bœuf » se flanqua-t-il de dire, avec un sourire moqueur. Le fauve étira ses babines pour montrer sa denture de carnivore et poussa un feulement en signe de mécontentement. « Wow, je plaisante » s'excusa Aladdin, en faisant quatre pas en arrière. Doucement, il contourna l'animal vexé pour venir saisir les mains de Jasmine et entrelacer ses doigts aux siens. « Pourquoi ne dors-tu pas ? » s'enquit-il, d'une voix douce. D'un geste, il invita la sultane à s'asseoir sur le tas de coussins installés sur le balcon, près d'une table en argent. Il avait suffisamment appris à connaître son épouse au fil des mois, pour remarquer que quelque chose la tourmentait. « A quoi penses-tu ? » demanda Aladdin, le regard tendre.

Le jeune prince laissa Jasmine se blottit contre lui et l'enveloppa instantanément de ses bras. Rajah s'était installé non loin d'eux, ses yeux brillants fixaient le couple d'un regard protecteur ou peut-être surveillait-il simplement sa maîtresse, comme un garde-fou. L'entente était cordiale entre l'amant et le félin, mais Aladdin ne s'aventurait pas à la familiarité. Il se savait chanceux d'être toléré par l'animal sauvage. Il était d'ailleurs fasciné par la relation qu'entretenait Jasmine avec Rajah. Parfois, il se demandait si son épouse n'était pas doté de pouvoirs célestes, tant le fauve s'adoucissait à son contact. A vrai dire, la Sultane avait également la même influence sur lui. Lorsqu'il était avec elle, Aladdin s'attendrissait comme un loukoum oublié sous le soleil de midi. « Je ne sais pas Jasmine » répondit le jeune prince, avec franchise. « Je veux dire... Peut-être que cela prend plus de temps pour certaines personnes, que pour d'autres ? » se hasarda-t-il à dire, en haussant les épaules. Cela était encore un mensonge. Sur le sujet, Aladdin ne pouvait qu’émettre des hypothèses, de vagues suppositions. Personne ne lui avait jamais expliqué comment faire un enfant. Son père était mort lorsqu'il était jeune et sa mère avait fini par le mettre à la rue, à l'aube de son adolescence, lorsqu'il lui était devenue impossible de le nourrir. Il avait souvent plaisanté de ce genre de choses avec les autres garçons d'Agrabah, mais aucun adulte digne de ce nom ne lui avait révélé les mystères de l'enfantement. Tous étaient trop pudiques pour le faire. « Ne perds pas espoir » encouragea Aladdin, en venant délicatement poser son menton sur l'épaule de son épouse. Il avait confiance en elle, en lui, en eux. Ne pas avoir d'enfant serait un véritable coup du sort, après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Il avait foi en leur amour, plus que tout. Doucement, le jeune prince déposa un baiser sur la tempe de Jasmine. Elle sentait bon l'amande et le miel. Il ne lui fallait guère plus pour le faire chavirer. « Et puis, même si cela nous prend des années, quelle importance ? » lui dit-il, un peu hésitant. Ils avaient toute la vie devant eux, n'est-ce pas ? Étaient-ils si pressés par le temps, après tout ? Aladdin tentait de se rassurer par cette pensée. Mais au fond de lui, il savait que les sujets d'Agrabah s'inquiéteraient de ne pas voir arriver d'héritier. Autour de la Sultane, les langues claqueraient sûrement pour jaser à bon train. Cette perspective l'effrayait, mais l'avouer à Jasmine ne ferait qu'empirer les choses. Il voulait simplement la rendre heureuse. Un jour, ils seraient parents, il en était persuadé.